Bandeau
Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

Ernst Gustav Tschentscher (F)
Article mis en ligne le 14 juillet 2012
dernière modification le 8 septembre 2021

par Christophe

Quand le prisonnier allemand Ernst Gustav Tschentscher arrive au camp de l’Ile Longue, le 4 juli 1916, l’interdiction du commandant Alleau d’éditer un journal de camp est toujours en vigueur. Quelques semaines après son arrivée, en juli 1916, le camp étant entre temps (16 août 1916) passé sous le contrôle de l’autorité civile, le Préfet du Finistère ré-autorise les prisonniers à publier au camp une petite revue hebdomadaire (voir télégramme du Préfet au Sous-Préfet du 17 mars 1917). Ce n’est cependant pas Tschentscher, le journaliste de métier, qui est chargé de la responsabilité de cette revue, mais le commerçant Kowalski.

Nous ne savons pas si Tschentscher, le professionnel de journalisme, fait la demande de cette autorisation. Dans le cas, hypothétique, où il la fait, ses chances de l’obtenir sont sérieusement compromises et cela à cause d’un soupçon très lourd qui pèse sur lui. En effet, dans un document conservé aux archives du SHD à Vincennes (SS Aa 31) se trouve la remarque suivante : « Le dénommé Tschencher (sic) est bien agent d’espionnage allemand. Il y a lieu l’incarcérer (sic). Faites enquêtes supplémentaire. » De même dans une lettre du capitaine de vaisseau de Mornet, délégué du vice-amiral commandant en chef de la Ière Armée navale à Malte, (SS Eb 125) : « …j’étais informé de la présence parmi les prisonniers qui étaient déjà à Malte, d’un sujet allemand, espion particulièrement dangereux nommé Gustave Tschentscher qui devait être incarcéré et très surveillé pendant la traversée….  ». Qu’elle soit justifiée ou non, cette réputation de Tschentscher d’être un espion trouve, paraît-il, son origine, dans la présence parmi ses papiers personnels, de lettres écrites par des hauts dignitaires (dont des militaires) de l’empire allemand. Il n’est pas étonnant donc qu’une demande de Tschentscher d’obtenir l’autorisation d’éditer un journal, toujours dans l’hypothèse qu’il aurait faite, n’ait pas été retenue.

Il arrive néanmoins bien vite à se faire une place – et pas n’importe laquelle - parmi les responsables du journal de camp. En effet, dès le numéro 7 (20 mai 1917), il est « rédacteur en chef » (voir Die Insel-Woche, seconde série, n° 7, en bas de la p. 4) , et même, un peu plus tard, « principal rédacteur en chef ». Cependant, c’est moins d’un an après qu’il démissionne de cette prestigieuse fonction. Dans une petite notice sous le titre « avis personnel » paru dans le numéro 40 (06 janvier 1918), il s’explique à ce sujet dans les termes suivants :

« Un incident survenu cette semaine m’a révélé un esprit du camp complètement inattendu qui, m’empêche de continuer avec la sérénité nécessaire mon travail dans l’intérêt général. »

Nous ne savons pas ce qu’il s’est vraiment passé. Est-ce que le caractère de Tschentscher, supposé égomane et dominateur, a créé des heurts entre lui et les autres rédacteurs ? Quoi qu’il en soit, Ernst Gustav Tschentscher crée son propre journal de camp, Inselstimme (Voix de l’Ile), dont le premier numéro paraît début février 1919. Dans l’éditorial « A mes lecteurs », c’est ainsi qu’il justifie son initiative : « Un nouveau journal de camp ? Pourquoi ? Parce que je veux me créer personnellement une place, qui offre une indépendance complète de prendre position ...  ».

Les trois numéros qui nous sont connus et que nous avons mis en lignes, à savoir les numéros
• 01, du 7 février 1919,
• 02, du 14 févrer 1919 et
• 07 du 28 mars 1919
ont été trouvés au Deutsches Historisches Museum de Berlin (http://www.dhm.de/) sous les cotes Do2 93/1834, Do2 93/1835 et Do2 93/1836. Est-ce que d’autres numéros ont paru , en dehors de ces derniers et les numéros 03 à 06 ? Nous l’ignorons.

Concernant les difficultés d’obtenir des informations personnelles sur E. G. Tschentscher, elles sont très similaires à celles rencontrées lors des recherches sur Edmund Kowalski, même si le lieu de naissance de Tschentscher, la ville de Calau, se trouve dans le Brandenbourg, aujourd’hui l’un des Länder de la République Fédérale d’Allemagne.