Bandeau
Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

La religion
Article mis en ligne le 25 décembre 2012
dernière modification le 14 avril 2013

par Christophe

Que savons-nous de l’existence d’une « vie religieuse » au camp de l’Ile Longue ?
Nos sources documentaires nous permettent de répondre à cette question en tenant compte des deux aspects suivants :
1. Le cadre administratif selon une circulaire ministérielle
2. La vie religieuse selon la revue du camp

1. Le cadre administratif, selon une circulaire ministérielle
Les archives départementales du Finistère conservent (sous la cote 9 R 2) la circulaire n° 74 du 11 Décembre 1915, que le Ministre de l’Intérieur adresse à Monsieur de Préfet du Finistère, précisant les conditions dans lesquelles les exercices religieux peuvent avoir lieu.
Voici le texte de cette circulaire :

"Plusieurs de vos collègues m’ont consulté sur le point de savoir dans quelles conditions pourraient être indemnisés les ministres des différents cultes qui ont été autorisés à visiter leurs coreligionnaires ainsi qu’à célébrer les exercices religieux dans les dépôts d’internés austro-allemands.
J’ai l’honneur de vous communiquer une copie des instructions données par M. le Ministre de la Guerre dans les dépôts de prisonniers de guerre ; je vous prie de vous inspirer de ces instructions, tant en ce qui concerne les conditions d’organisation des exercices religieux que pour les indemnités à allouer aux ministres des différents cultes."

Suit « L’Annexe à la circulaire du 11 Décembre 1915 »

"Paris, le 28 Mai 1915
Le Ministre de la Guerre
à MM. les Gouverneurs Militaires de Paris et de Lyon ;
Les Généraux Commandant les régions ;
Le Général Commandant en Chef les forces de terre et de mer de l’Afrique du Nord ;
Le Général Commissaire Résident Général de France au Maroc.

J’ai l’honneur de vous informer qu’à la date du 8 Mai 1915, j’ai décidé de modifier et de compléter comme il suit l’article 53 de l’instructiion ministérielle du 21 mars 1893, sur les prisonniers de guerre :

Article 53. Toute latitude est laissée aux prisonniers pour l’exercice de leur religion à la seule condition de se conformer aux mesures d’ordre et de police prescrites par l’autorité militaire locale.
Les prisonniers qui le demandent peuvent être autorisés à assister les dimanches et jours fériés aux offices de leur culte.
Le Général Commandant la Région, sur la proposition du Commandant régional des dépôts, autorise pour chaque dépôt les ministres des différents cultes, de nationalité française, à visiter les prisonniers de ce dépôt.
Cette désignation porte sur les ministres des différents cultes résidant à proximité du dépôt. Ceux-ci reçoivent, pour chaque déplacement, une indemnité de trois francs, payable, soit après chaque visite, soit périodiquement, sur état d’émargement visé par le Commandant du dépôt. Les menues dépenses occasionnées par la célébration des offices sont payées directement par le dépôt. Quant aux frais spéciaux que comporte la célébration de la messe, ils sont à la charge de l’officiant, qui reçoit à cet effet un supplément de vacation d’un franc pour chaque exercice comportant cette célébration.
Le Commandant du dépôt détermine sous sa responsabilité les conditions dans lesquelles peuvent se faire les visites, ainsi que leur fréquence et leur durée, en tenant compte des nécessités du service et des exigences de la discipline ; il en rend compte au Général Commandant la Région.
Les ministres des divers cultes, de nationalité étrangère, munis d’une autorisation spéciale du Ministère de la Guerre, peuvent également être admis dans les dépôts.
Les uns et les autres doivent prendre et signer l’engagement de se conformer aux mesures d’ordre et de police prescrites par l’autorité militaire locale.
Il leur est interdit de recevoir aucun dépôt d’effets ou de valeurs, à quelque titre ou pour quelle destination que ce soit.

Pour le Ministre de la Guerre
et par délégation
Le Conseiller d’Etat, Secrétaire Général,
Signé : Rousseau."

2. La vie religieuse selon la revue du camp

Le terme « vie religieuse » comprend deux domaines différents : d’un côté la dimension personnelle, plus ou moins intime et cachée, de l’autre côté la dimension publique et collective.
Pour ce qui est de la première, notre principale source d’information, la revue de camp « Die Insel-Woche  », reste naturellement muette. Il en est de même pour les quelques documents personnels de certains prisonniers que nous avons pu nous procurer : on n’y trouve aucune allusion à la foi, l’église ou Dieu.
Quant à la dimension publique et collective, celle des églises et de leurs représentants, la composition de la population des prisonniers – essentiellement allemands, autrichiens, hongrois et ottomans – laisse supposer la présence dans le camp d’au moins trois religions : le christianisme (évangélique et catholique), le judaïsme et l’islam.
Or, « Die Insel-Woche » est un journal en langue allemande et s’adresse donc principalement aux lecteurs germanophones qui, dans leur très grande majorité, sont chrétiens, évangéliques ou catholiques, à parts quasiment égales (suivant les données de la société allemande en général). Ceci explique pourquoi, dans les rares articles ou notices parus dans « Die Insel-Woche » et évoquant la vie religieuse, il est exclusivement question de l’église chrétienne - essentiellement de la croyance évangélique luthérienne. Seule l’annonce du « programme religieux » pour le dimanche de Pâques de 1917 (p. 3) nous prouve l’existence d’une communauté catholique. C’est d’ailleurs dans un compte rendu du service religieux évangélique du dimanche de Pâques 1917 que nous apprenons l’existence d’une « baraque église » (« Kirchenbaracke ») (p. 2).
L’écrasante prépondérance de l’église évangélique luthérienne est le fait de la présence parmi les prisonniers d’une personnalité hors du commun, le pasteur évangélique Friedrich Hommel qui, depuis janvier 1918, occupe aussi la fonction de rédacteur en chef du journal de camp. Ses prises de position à l’occasion de fêtes religieuses comme « Pfingsten » (« Pentecôte ») (p. 1] et ou « Aller-Seelen » (« Toutes les âmes » ou « Jours des défunts ») (p. 1] ressemblent bien à certains sermons d’église. Cependant, Friedrich Hommel, en sa qualité de pasteur-journaliste et donc homme de la parole et de la communication, tient un discours susceptible de toucher l’ensemble des prisonniers, indépendamment de toute appartenance religieuse. Malgré ses tendances ouvertement nationalistes, le pasteur Hommel, poursuivant son objectif de défense et de maintien dans le camp du respect des valeurs humanistes, prêche une éthique interreligieuse ou universelle.

Liens vers d’autres textes « religieux » dans le journal de camp :
« Unsere Toten » von Fr. Hommel (p. 1)
« Evangelischer Festgottesdienst » (p. 3)
Poème Hermann Hesse : « An die Freunde in schwerer Zeit » (dernier couplet, p. 1).
Poème « Weckruf » dernière ligne (p. 1) : « Und Gottes Frucht bricht auf am innern Baum. »


Documents
Ministère de l’Intérieur, circulaire 74 422.9 kio / PDF