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Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

Le théâtre et son principal animateur, le (futur) cinéaste Georg Wilhelm Pabst
Article mis en ligne le 26 octobre 2012
dernière modification le 29 mars 2014

par Christophe

Le théâtre a pu devenir l’activité culturelle la plus en vue du camp parce qu’il a été animé par un artiste d’exception qui, jouissant déjà d’une certaine notoriété à l’époque de son internement sur l’Île Longue, devait plus tard devenir une célébrité dans le monde du cinéma. Il s’agit de G. W. Pabst, metteur en scène et réalisateur autrichien (1885 – 1967) considéré, à côté de Fritz Lang (M le Maudit, Metropolis …) et de F.W. Murnau (Nosferatu, L’Aurore…) comme l’un des « trois grands » du cinéma « expressionniste » allemand (1919 – 1933). Après plusieurs engagements comme comédien dans des théâtres d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, il est nommé, en 1911, directeur du Théâtre Populaire Allemand à New York. C’est lors de son retour en Europe, en 1914, embarqué sur le paquebot « Nieuw-Amsterdam », que, le 2 septembre 1914, il est fait prisonnier et interné, comme les autres passagers, au camp de l’Île Longue.
Homme de scène expérimenté, il est prédisposé à prendre en main le théâtre du camp, dès la mise en place, tardive (en mars 1917 seulement), d’une « salle de théâtre » - en fait l’une des baraques du camp grossièrement aménagée pour cet usage. La vitalité du théâtre des prisonniers, le choix des pièces et les noms des acteurs nous sont connus grâce à de remarquables affiches programmes : de format réduit, elles sont de véritables petites œuvres d’art par leur grande qualité graphique et la présence d’une lithographie originale. Ces illustrations présentent des exemples caractéristiques du style début XXe siècle que les Allemands appellent « Jugendstil ».

Le choix des pièces dont G.W. Pabst assure la mise en scène, témoigne d’une excellente connaissance de la littérature dramatique de l’époque, et correspond aux attentes de ce public de prisonniers : divertissement avant tout, sans exclure complètement cette autre fonction historique du théâtre qui est l’édification. C’est ainsi que le nombre des pièces humoristiques semble largement l’emporter sur celui des drames.
A plusieurs reprises Die Insel-Woche se fait l’écho de réactions de gratitude de la part du public à l’égard des protagonistes du théâtre (comédiens, metteur en scène et décorateurs). En parlant de la représentation d’une pièce humoristique de Ludwig Thoma (1867 – 1921), par exemple, Die Insel-Woche (n° 1, du 8 avril 1915, p. 2, Schauspiele) écrit : « Ainsi, elle se déroule devant nous, cette comédie, nous remplit entièrement d’un grand rire et nous transporte pendant des heures au-dessus du flux de ces jours qui s’égrènent silencieusement. »
Sur la même pièce voir aussi « Die Insel-Woche » n° 2 du 25 avril 1915, p. 2, article « Schauspiele ».
Au sujet de G.W. Pabst qui apparaît comme le véritable moteur de cette réussite du théâtre dans le camp de l’Île Longue, il est intéressant d’ajouter une information : la captivité « injuste » subie en France ne l’a pas empêché, en poursuivant sa carrière dans le monde du cinéma, de réaliser (en coopération avec le réalisateur français Robert Beaudoin) le film franco-allemand Kameradschaft/La tragédie de la mine (Allemagne/France 1931). Ce n’est pas seulement un témoignage historique intéressant sur les rapports franco-allemands dans les années trente, mais, en opposition ouverte contre les tendances de l’époque, il tentait aussi de bâtir des ponts entre la France et l’Allemagne. Rappelons que ce film, aujourd’hui oublié, apporte à G.W. Pabst une nomination dans la Légion d’honneur et que, lors de l’Exposition mondiale de Bruxelles en 1958, un jury international de critiques du cinéma lui fit l’honneur de l’élire parmi « l’un des trente meilleurs films de tous les temps » (CineGraph Lexikon).