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Le camp d’internés 1914-1919
Le camp d’internés 1914-1919

Dieser Internet-Auftritt verfolgt das Ziel, möglichst viele Informationen über das Internierungslager auf der Ile Longue zusammenzustellen, damit Historiker und Nachkommen der Internierten sich ein Bild von den Realitäten dieses bisher wenig bekannten Lagers machen können - nicht zuletzt auch, um die bedeutenden kulturellen Leistungen der Lagerinsassen zu würdigen.

Le but de ce site est de prendre contact avec les familles des prisonniers allemands, autrichiens, hongrois, ottomans, alsaciens-lorrains... qui ont été internés, pendant la Première Guerre mondiale, dans le camp de l’Ile Longue (Finistère).

Les travaux à l’extérieur du camp
Article mis en ligne le 15 mars 2013
dernière modification le 14 avril 2013

par Michel

Les travaux à l’extérieur du camp,

Assez rapidement après leur internement, les prisonniers de l’Île Longue sont sollicités pour travailler à l’extérieur du camp. Initialement seules les demandes des collectivités sont prises en compte mais face à la demande, des particuliers obtiennent aussi satisfaction lorsque les spécialités requises existent chez les volontaires.

Un règlement détaillé relatif à l’emploi des internés civils est promulgué et doit être accepté par l’employeur et signé par l’employé. Il concerne :
– l’équipement des travailleurs
– les salaires
– le logement
– la nourriture
– le transport
– la correspondance
– les maladies
– les accidents
– les rapports sur la conduite et le travail
– les inspections
– le service de garde
– le retrait de l’équipe
Par exemple, les collectivités agricoles employant des travailleurs internés civils (IC) doivent leur fournir : une veste et un pantalon de toile bleue marqués IC en blanc indélébile, une coiffure uniforme, une paire de sabots. En vue de rendre plus difficiles les évasions, les manches de la veste et les jambes du pantalon sont raccourcis d’une bande de tissu remplacée par de la toile de voile. Le salaire est fixé à 1 fr. 25 par journée ou 0 fr.10 de l’heure. La paille des matelas est fournie par l’employeur et doit être remplacée périodiquement.
Initialement, les internés civils doivent travailler par équipes d’au moins 20 individus durant 6 mois renouvelables. Le service de garde doit être assuré par un sous-officier et six hommes pour une équipe de 20 et un sous-officier et neuf hommes pour une équipe de 30.
Ces règles, établies pour les collectivités seront adaptées pour les particuliers.

Dès 1915, devant la pénurie de main d’œuvre, les demandes de travailleurs sont multiples et variées. Elles proviennent bien sûr du Finistère et des départements voisins mais aussi des départements plus éloignés où se pratique l’agriculture intensive (notamment des régions betteravières et céréalières).
Les spécialités demandées sont très variées, parfois surprenantes et toutes ne peuvent être trouvées chez les prisonniers :
– des cultivateurs ou des manœuvres pour les travaux agricoles ;
– des maçons, terrassiers, charpentiers, menuisiers, peintres et même des architectes pour la construction d’immeubles ;
– des métallurgistes, forgerons, serruriers, ferblantiers pour l’industrie mécanique ;
– des forestiers, mineurs, sabotiers, cordonniers, verriers, tanneurs, fourreurs...
– des spécialités très pointues comme ouvriers orthopédistes, verriers pour la fabrication d’yeux artificiels ou de matériels de laboratoire ou encore mécaniciens de précision pour la fabrication d’aiguilles de machines à tricoter.
Les entreprises bretonnes sont nombreuses à demander des internés civils et beaucoup de requêtes seront refusées : jugées inappropriées, faute de spécialistes ou faute de volontaires. Ainsi des demandes pour l’exploitation de bois à Huelgoat, pour la construction d’un chemin vicinal à Saint-Pol-de-Léon, pour une usine de produits chimiques à Saint-Marc, pour la construction d’une conserverie à Rosporden, pour la papeterie Krisolé de Quimperlé, pour les Moulins Brestois... ne sont pas satisfaites. Aucun volontaire n’est trouvé pour l’exploitation de tourbières à Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine.
Par contre, une équipe de 21 internés est affectée au début de 1916 à la construction de baraquements à Saint-Renan puis à Ploudalmézeau et à Portsall.

Un groupe de prisonniers civils sur la place du Vieux-Marché de Saint-Renan (Finistère), probablement en 1916 - Marine nationale - archives île Longue
Marine nationale - archives île Longue

En mars 1917, 46 internés de l’Île Longue sont affectés à la construction d’une station sanitaire pour militaires tuberculeux réformés de guerre au lieu-dit Guervénan en Plougonven (Arrondissement de Morlaix), le chantier ne sera fermé que le 13 août 1919. Des prisonniers sont mis à la disposition de Mr Lajat, imprimeur à Morlaix en décembre 1917. L’usine à gaz de Morlaix en obtiendra également ainsi que la fabrique de produits chimiques « L’iode et ses dérivés » de Penmarc’h. Quelques internés tanneurs et fourreurs, déplacés à Quimper pour la Tannerie Bodolec seront remarqués et refoulés d’un cinéma de la ville.
Une attention particulière peut être portée à la demande de Mr Mescam, entrepreneur, possédant la propriété Stang Ar Mor à l’Île Longue. Celui ci obtient en novembre 1916 une corvée d’internés pour la remise en état de ses terrains dégradés par la démolition des murets dont les pierres ont été cédées gratuitement au commandant Alleau, chef du camp d’internement. Une demande de prolongation de mise à disposition de l’équipe d’internés suscite le mécontentement des habitants de l’Île Longue et motive le refus du préfet.
On doit aussi signaler des demandes des départements des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor), du Morbihan, d’Ille-et-Vilaine et de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique). Après la fermeture des camps des Côtes-du-Nord, l’entreprise Kaolins de Bretagne de Plemet sollicite et obtient une équipe de mineurs. La scierie de Plédeliac est également dotée. On sollicite aussi le camp pour la construction du sanatorium de Kerpape à Lorient. La Loire Inférieure manque de bras pour la construction de nouveaux quais sur voutes de Pirmil et pour la réparation des tramways électriques municipaux de Nantes.
La Société des Verreries de Laignelet, près de Fougères, qui emploie déjà des prisonniers de guerre, candidate pour obtenir une équipe de verriers et de manœuvres. Mr Chupin, administrateur, propose les conditions de travail suivantes :
– concernant les salaires : 5 fr. aux maçons, 4 fr. 50 aux chauffeurs de fours, 3 fr. aux manœuvres
– concernant la nourriture journalière : 450 g de pain, 300 g de viande, 1,400 kg de légumes frais, 80 g de légumes secs, graisse, sucre, épices, café, 2 litres de cidre et 150 g de saucisson de cheval pour le casse-croûte.
Pourtant, le 16 août 1918, 4 internés se plaignent au préfet pour injures, mauvaise nourriture et interdiction de lire des journaux et sont interrogés au commissariat de Fougères. Après enquête il apparaît que ces réclamations sont infondées et les internés seront punis de 11 jours de prison à leur retour au camp.

Les autres départements demandeurs de prisonniers ont essentiellement des besoins pour l’agriculture. On peut cependant noter que la Manche sollicite des peintres pour une entreprise d’Avranches, la Dordogne des ouvriers pour réparation de matériel de chemin de fer à Périgueux et la Vendée pour les mines Faymoreau.
Des équipes d’Iinternés pour travaux agricoles sont constituées pour les départements suivants :
– Allier
– Calvados
– Cher
– Eure
– Indre-et-Loire
– Seine-et-Oise (Yvelines)
– Vendée
Le 28 février 1917 une équipe de 70 internés de l’Île longue (seuls 6 d’entre eux sont cultivateurs) est mise à la disposition du préfet de l’Allier. Le convoi est escorté par 4 gendarmes de Moulins et part de la gare de Quimper le 28 février à 20h08 pour arriver à Moulins le 2 mars à 5h49 via Nantes, Tours et Saincaize. Quelques problèmes surgissent parfois : le 31 août 1918 des soldats américains frappent des internés à Bourbon- Archambault ; la population locale, parfois hostile aux prisonniers leur fait subir des sévices ; le 16 mars 1917 le préfet du Finistère doit rappeler aux exploitants le droit des prisonniers à une carte postale par semaine et à deux lettres par mois.
Pour le département de Seine-et-Oise on peut noter en particulier la demande de l’entreprise de battage Leroux à Garancière pour obtenir 45 internés mécaniciens pour l’entretien du matériel de battage. Les autres équipes sont employées dans diverses entreprises agricoles du département.
On retrouve les équipes d’Indre-et Loire dans des entreprises ou des syndicats agricoles comme à Genillé et Cigogné.

Les fins de contrat, les renvois pour maladie, mauvaise conduite, indiscipline, refus de travail ou tentative d’évasion, signifient le retour au camp. Le retour pour fin de contrat ou pour maladie est à la charge de l’exploitant demandeur, par contre, dans les autres cas les prisonniers doivent supporter les frais de leur retour, y compris les frais d’escorte. Un interné renvoyé de l’Allier s’est vu défalquer 123 francs de son pécule. De plus les fortes têtes peuvent être punies de prison à leur arrivée au camp.

Convention d’emploi d’un interné, entre le préfet de la Vendée et un agriculteur

Sources :
Archives départementales du Finistère ; 9R74, 9R75, 9R76, 9R77, 9R78, 9R79, 9R80.