Un domaine d’activités donne lieu, dans la revue de camp Die Insel-Woche, à des articles dont le ton enlevé rappelle l’éditorial qui présente les grands principes civilisateurs et humanistes du journal : l’artisanat.
Die Insel-Woche fait état de la présence au camp des corps de métiers suivants : sculpture sur bois, marqueterie, lutherie, dessin, sculpture, modélisme, menuiserie et ébénisterie, peinture-tapisserie, ferblanterie, fleuriste, construction mécanique, cordonnerie, tournage sur bois. Il existe des dessins qui montrent que certains de ces groupes d’artisans disposent de leurs propres ateliers ; c’est le cas, par exemple, des cordonniers, des tourneurs, des tailleurs.
L’article suivant extrait du n° 4 (p. 1) et paru au 29 avril 1917, reflète l’attitude, esthétisante et édifiante, de Die Insel-Woche à l’égard des occupations proposées aux prisonniers, qu’il s’agisse d’activités intellectuelles, physiques ou, comme ici, artisanales.
« Pour une deuxième exposition d’artisanat
En août 1915, dans la cantine solennellement décorée, a eu lieu une exposition d’objets artisanaux et artistiques qui tous ont été produits ici au camp. Ont été réunis ainsi les traits caractéristiques d’une lente évolution s’étendant d’objets simples et utiles jusqu’à des sculptures sur bois décoratives, des tableaux, etc. L’exposition a présenté le développement d’un mouvement de civilisation à échelle réduite qui, dans un premier temps, a favorisé l’utilité pratique, tandis que plus tard la recherche d’une certaine beauté s’est imposée. Les objets normalement dispersés et inaccessibles pour le public car cachés dans l’obscurité de l’une des baraques, ont été tirés à la lumière du jour et réunis dans une présentation d’ensemble claire en donnant de nouvelles idées et ouvrant de nouveaux chemins. Oui, dans cette présentation d’ensemble, l’esprit qui cherche et aspire à la hauteur se redressant toujours malgré toutes les entraves oppressantes, le désir d’activité qui veut s’exprimer ont réussi à se manifester avec vigueur.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Après deux années d’une poursuite soutenue de ces activités, le moment ne serait-il pas venu de créer une nouvelle fois une présentation globale ? Est-ce qu’il ne serait pas possible de trouver des personnes qui auraient plaisir à prendre en main l’organisation d’une autre exposition de ce type ?
A mon avis, un regroupement des objets aujourd’hui disponibles, apporterait de grandes surprises et trouverait une participation générale. Mainte fleur s’épanche en secret, maint talent s’est développé dans le silence – ces créations nous concernent parce qu’elles peuvent nous apporter du plaisir et de nouvelles idées. »
Un mot au sujet de l’identité de l’auteur de l’article cité ci-dessus dont le style fleuri et incantatoire peut faire sourire, voire irriter le lecteur français d’aujourd’hui qui pourrait y voir ce qu’il appelle la « lourdeur germanique ». N’oublions pas, cependant, que ce texte date d’une époque qui avait un penchant pour la formule pathétique et grandiloquente – surtout n’oublions pas les conditions, douloureuses et aléatoires, qui poussent cet auteur à s’exprimer. Il s’agit du Pasteur Friedrich Hommel.
Sur le sujet de l’artisanat, voir aussi Die Insel-Woche, 2nde série, 1re année, n° 28 (avec illustrations)